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Lofoten !

Texte de Paul Jouet et photos de Yannick Long.


L’escale à Alesund ayant prodigué à Davaï et son fier équipage un repos bénéfique, nous avons décidé de faire 100 milles vers le nord en direction de Stokksund. Le but est de faire le plus de route jusqu’à la tombée de la nuit car un « storm advise » est en cours, 65 noeuds de nord au programme à 3h du matin.

L’itinéraire varie entre les canaux et des passages au large mais les 20 noeuds d’annoncés au sud ne devraient pas lever de mer trop importante. Nous sortons au petit matin dans la houle encore bien présente du coup de vent de la veille et établissons les voiles peu avant le premier pont. Puis nous nous retrouvons à 150° du vent, 20 noeuds de vent apparent, sous le vent de la côte sur un plan d’eau parfaitement plat. Davaï à peine gîté file entre les sommets saupoudrés sur une bonne moyenne de plus de 9 noeuds et jusqu’à 11 noeuds dans les risées. Les équipiers se relaient à la barre car le plaisir est bien présent. Deux empannages nous permettent de nous recaler sur ce même bord dans les chenaux formés par les îles au large de la côte. Finalement la vitesse ne diminuera qu’à notre arrivée à la tombée du jour (peu après 16h) au port de Stoksund qui en plus d’être superbement situé entre des îlots a la réputation d’être très bien abrité. L’arrivée se fait au projecteur de recherche entre les perches au milieu de gros flocons.


Une journée off tandis que le vent hurle au dehors le lendemain nous permet de nous dégourdir les jambes et voir du pays. La journée alterne entre grêle, gros flocons, neige en gobelets et pluie. Le centre de la dépression n’est pas loin.


Nous repartons le soir quelques heures après la fin du coup de vent après avoir pris le temps de bien caler nos affaires et préparer le bateau. Avec ce qui a soufflé nous nous attendons à ne pas trouver une belle mer au dehors. Objectif: profiter du vent qui repasse au sud pour tailler un bord au largue, direction les Lofoten!


Le début de cette dernière étape de 250 milles se fait au moteur face à une houle qui rend l’avancée peu confortable. Nous quittons les derniers îlots qui nous abritaient encore de la mer du fond et faisons route au large de la péninsule de Vikna, à l’ouest de Rorvik. Le vent de sud s’établit doucement dans la nuit. Les premiers milles sous voile se font au largue dans un vent léger et face à une houle longue. Puis la houle diminue progressivement et le vent s’établit, et nous retrouvons notre belle moyenne. Agréable si ce n’est que nous devons barrer la plupart du temps, le pilote ayant du mal à tenir le bord très abattu, alternant entre départs au lof et abattées proches de l’empannage. Finalement le vent devait retomber dans la nuit suivante mais n’a fait que prendre des tours jusqu’à notre arrivée, le 1er Février au petit matin, avec deux ris dans la grand-voile et un petit morceau de génois à l’avant. Suite à un amarrage musclé sur un quai recouvert de neige nous assistons avec stupeur à la naissance du jour dans les montagnes à pic autour de nous. La verticalité vertigineuse, la pureté des premières lueurs sur les faces immaculées, le relief dans le ciel aux nuages acérés, la quiétude des bateaux de pêche qui somnolent en tirant sur leurs amarres, tout est un mélange de douceur et de rudesse. Nous voulions nous coucher mais devant tant de beauté plus personne n’envisage d’aller au lit et nous partons pour un tour à pied, en bottes et vestes de quart au milieu des séchoirs à morues dans la neige fraîche et abondante. Nous sommes comblés.










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